À La Linière, un espace d'expression pour enfants et adultes migrants.
Depuis le 5 juillet dernier, un espace psycho-social a ouvert ses portes au milieu du camp humanitaire. Un espace financé en partie par la Fondation Abbé Pierre.
La Linière à Grande-Synthe, c'est le premier camp humanitaire français bâti en mars 2016 qui accueille aujourd'hui quelque 800 occupants, pour la plupart des personnes migrantes issues du bidonville du Basroch autrefois tout proche.
200 « shelters », des abris en aggloméré de 6 m2, s’alignent dans l'horizon. Sur 5 hectares de terrain, adultes et enfants sont enfermés dehors. Quelques baraques colorées signalent la présence d’une école, d’une association humanitaire ou d’un foyer. Les occupants dorment, c’est la nuit qu’ils s’activent pour essayer de gagner Calais et l’Angleterre.
Vers 14 heures, des portes s’ouvrent. Devant son feu de bois, à l’abri 62, un père de famille essaye de se réchauffer et veut bien témoigner : « Ma fille de 2 mois est née ici, j’ai deux autres enfants de 6 et 8 ans. Nous sommes partis d’Iran il y a plus d’un mois, je n’ai plus ni argent ni papier. »
Plombier, cet homme de 30 ans veut atteindre Manchester avec sa famille car sa femme a un parent qui vit là-bas. « En Angleterre, je trouverai du travail. »
sortir du traumatisme
Pour répondre à la détresse des familles et des jeunes mineurs isolés de plus en plus nombreux dans le camp, l'Agence régionale de la Fondation a notamment participé au financement de "La Butterfly House", la "Maison Papillon", en partenariat avec Médecins du Monde, dans laquel un accompagnement psycho-social est proposé aux enfants comme aux adultes trois jours par semaine.
Durant l'été, l'espace a accueilli 344 personnes. Différentes activités choisies par les participants ont été mises en place : relaxation, musique, origami, dessins, jeux de cartes, peinture sur verre, carte collective parcours migratoire, mandala, lecture, guirlandes de soucis, photo langage, co-création d’une play-list musicale (de toutes les communautés du camp), dominos, fêtes d’anniversaires…
Ces activités ont permis de favoriser la résilience des personnes et le mieux-être de chacun : libération de la parole dans un lieu sécurisé, diminution de l’anxiété, reprise de la confiance en soi, valorisation des compétences. Un lien très fort se créé avec les équipes de Médecins du Monde (psychiatre, psychosociologue, bénévoles) identifiées comme des personnes ressources.
« Nous sommes 2 à 4 psychologues sur place. L’espace est ouvert et à disposition des enfants et des adultes, c’est un lieu de parole sécurisé. Notre objectif est d’offrir ici des activités qui permettent à chacun, de s’exprimer, d’évacuer le traumatisme pour que la vie puisse reprendre », explique Clémence Arceluz, coordinatrice médicale à Médecins du Monde. « Notre plaidoyer commun avec la Fondation, c’est que le droit prime pour tous. Il faut que les personnes qui en ont besoin médical puissent consulter un psychologue, un psychiatre à l’hôpital. Mais il faut aussi être sur place pour tous les autres et les aider à redonner sens à leur vie. Et ça, effectivement, l’État ne le fera pas. »
Autre spécificité de cette action, la mise en place d'une médiathèque en kit dans l'espace spychosocial qui propose un très large éventail d'équipements et de contenus et qui dispose notamment d'une connexion internet, de tablettes, d'ordinateurs, de milliers de contenus électroniques, mais aussi de livres papiers, de jeux de société, de matériel créatif ou de formation, etc...
Cette médiathèque a été fournie par l'association "Bibliothèque Sans Frontières" dont une équipe de bénévoles sera bientôt présente à La Linière pour permettre à la box de devenir une plateforme d'échanges et de découverte entre les réfugiés et les habitants de Grande-Synthe.
L'équipe pourra à la fois être active au sein du camp et auprès des acteurs de la ville (bibliothèques, maisons de quartier…) pour faciliter ces échanges et ces découvertes. La Fondation soutient également financièrement cette action dans le cadre de la promotion des habitants.