Métropole du Grand Paris : encore plus qu’ailleurs, plus on est pauvre, moins on a accès au logement social
Le quart le plus pauvre des demandeurs de logements sociaux n’y obtient que 13,5 % de l’ensemble des attributions.
Alors que les plans habitat et hébergement de la région Île-de-France (SRHH) et de la Métropole du Grand Paris (PMHH) sont en cours de révision, le groupe inter-associatif sur l’accès au logement social rassemblant la Fondation Abbé Pierre, le Secours Catholique, le Mouvement ATD Quart Monde, Habitat et Humanisme, Solidarités Nouvelles pour le Logement et l’Association DALO, publie son nouveau rapport sur la Métropole du Grand Paris (MGP).
Comment peut-on justifier que le quart le plus pauvre des demandeurs de logements sociaux n’y obtienne que 13,5 % de l’ensemble des attributions ?
Ce chiffre tombe à 10,2 % pour les attributions hors des quartiers prioritaires de la politique de la ville, loin des 25 % imposés par la loi depuis 2017. L’écart est grand avec les autres métropoles régionales qui parviennent à attribuer 18 % des logements au quart le plus pauvre des demandeurs et 15 % en dehors des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Le grippage du système francilien est profond. Avec l’envolée des prix et des loyers du parc privé, un nombre croissant de ménages des classes moyennes demandent un logement social, alors que peu de locataires parviennent à quitter le parc social, laissant ainsi de moins en moins de logements disponibles. Le problème d’offre n’en est qu’exacerbé : dans la MGP, chaque année, le nombre de demandes de logements sociaux est dix fois supérieur à l’offre (près de 500 000 demandes pour moins de 50 000 attributions).
De plus, les demandeurs de logements sociaux dans la MGP sont plus souvent mal logés : 39 % des demandeurs pauvres sont sans-abri, hébergés chez des tiers ou en structure, contre 27 % en moyenne dans les autres métropoles. Ils attendent encore plus longtemps qu’ailleurs dans ces situations précaires puisque 35 % des demandeurs pauvres y attendent un logement social depuis plus de trois ans, contre 17 % en moyenne dans les métropoles régionales. Avec un niveau élevé de prix et de loyers dans le parc privé et une offre abordable trop faible dans le parc social, les logements sociaux ne reviennent pas en priorité aux ménages les plus pauvres.
Face à cette situation, les associations demandent d’augmenter et de mieux répartir l’offre de logements sociaux. En effet, le rapport constate que les efforts fournis sont très inégaux à travers les territoires de la MGP. Certains territoires, notamment Paris Est Marne et Bois, Grand Paris Seine Ouest et Paris Ouest La Défense, produisent très peu de logements très sociaux et ont un niveau très insuffisant d’attributions aux demandeurs les plus pauvres en dehors des QPV. Il manque 140 000 logements sociaux pour que toutes les communes de la Métropole atteignent au moins les 25 % prescrits par la loi SRU.
Les associations préconisent également de baisser les quittances de loyer à travers notamment l’augmentation des APL, de rendre les attributions plus équitables en identifiant et en priorisant les ménages les plus pauvres, et de renforcer la gouvernance de la Métropole du Grand Paris afin de lui donner et qu’elle se dote enfin de plus de pouvoir en matière de logement et d’hébergement. Le rapport rappelle que le cadre légal existant doit être pleinement appliqué et renforcé, et propose d’appliquer des taux plus élevés de production de logements très sociaux aux communes qui ont pris du retard sur la production de logement social.