« Personne ne sait dans quelles conditions je vis »
Mme X., retraitée, vit confinée dans un logement insalubre. Pas d’électricité, pas de salle de bains. Et des toilettes sans eau sur le palier.
Déjà presque 5 semaines que cette locataire parisienne se lave à l’eau froide avec une petite bassine. Avant le confinement, elle faisait chaque matin deux heures de trajet pour se rendre aux bains-douches. Malgré ses recherches, elle n’a pu trouver d’endroit où l’accès soit réservé aux femmes le matin.
« Depuis le coronavirus et le confinement, je n’y vais plus… Déjà, avant, ce n’était pas facile, c’est très peu nettoyé et vraiment pas propre. Je suis sûre que ce n’est jamais désinfecté… alors depuis le confinement, je n’ose pas imaginer dans quel état ce doit être ! »
Depuis la mi-mars, les conditions de vie de Mme X. se sont encore détériorées et l’absence de douche quotidienne pèse beaucoup à cette locataire qui ne peut plus sortir autant qu’avant pour fuir son logement déclaré insalubre et interdit à l’habitation depuis 2019.
« Je n’ai pas l’électricité ni l’eau chaude… Avant le confinement, j’arrivais à supporter et je me débrouillais sans ; je restais le plus longtemps dehors et ne rentrais chez moi que pour dormir.
Aujourd’hui, c’est devenu vraiment dur. Je fais ma toilette à l’eau froide et heureusement que les laveries restent ouvertes pendant le confinement car je ne sais pas comment je ferais avec le linge ! Pour recharger mon portable, je vais aux bornes de taxis ou aux arrêts de bus, je ne peux plus aller dans les gares.
« Je suis quelqu’un de dynamique, qui vit beaucoup dehors ; j’ai des amis, je vais au cinéma, aux expositions, dans les cafés. Aujourd’hui, plus rien… c’est difficile car du coup, je reste chez moi où les conditions de vie sont vraiment réduites au minimum. Je lis et je fais des mots croisés avec ma lampe électrique. »
Depuis 30 ans, Mme X. vit dans ces conditions indignes et malgré l’arrêté préfectoral demandant en 2019 au propriétaire de réaliser les travaux de remise aux normes nécessaires, rien n’a été fait.
« Heureusement que l’Espace Solidarité Habitat (ESH) et l’avocat avec lequel on m’a mise en relation me soutiennent ! Aujourd’hui, je demande juste que justice me soit rendue car en plus, le propriétaire me demande des loyers que j’ai déjà versés… Toute seule, je ne m’en sortirais pas. »
Au 2e étage de ce petit immeuble parisien, Mme X. reste la seule locataire sous le régime de la Loi de 1948. À 70 ans, elle a repris espoir car elle ne se bat plus toute seule. « Grâce à l’ESH, j’ai été reconnue prioritaire Dalo et début mars, j’ai appris par courrier de la préfecture que j’allais passer en commission pour l’attribution d’un logement social… J’espère juste que la commission se réunira rapidement après le confinement… De toute façon, je n’ai plus qu’à attendre ! »