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À Saint-Pierre, Jasmine, aujourd’hui relogée, témoigne.

Près de 1 000 personnes vivent à la rue, à La Réunion.

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Quand je suis arrivée sur Saint-Pierre à la gare routière, je me suis dit : « Je vais où ? Qu'est-ce que je vais faire ? Ce n'est pas une ville que je connais, ce n’est pas un endroit où je suis habituée, je n’ai pas de famille ici. Je suis allée me promener sur le front de mer et je me suis endormie sous les filaos. Je n’ai pas mangé pendant près de 3 jours. »

Je pensais que j’allais trouver un logement rapidement, dans les 15 jours, mais non, ça a duré un an. Pendant le cyclone j'étais dehors, le mauvais temps, le froid, la chaleur, j’étais dehors.

Le soir on ne peut pas dormir, tu es sur tes gardes, il y a la copine qui veille sur toi, tu te lèves à minuit et après c’est toi qui veilles sur ta copine, il n’y a pas de sécurité. La journée, on dormait derrière la mairie où il y a des bancs, on dormait au front de mer, sur la plage, avec une belle vue.

Pour avoir des couvertures, on avait toujours soit la PASS, soit la Croix Rouge, la Boutique Solidarité. Ils te donnent une soupe, un café chaud, des gâteaux, l’écoute et le sourire, c'est très important pour quelqu'un qui est dehors. En hiver c’était très dur, il fallait 2/3 couvertures, des chaussettes car il faisait très froid. Pour se baigner, on faisait ça vers 3h du matin, avec ma copine, sur le front de mer avec les douches publiques.

« J’ai pris la clé »

Quand je suis arrivée dans la Maison Relais, j'ai pris la clé. Pour les gens qui ont une maison ce n’est rien, mais pour moi c’était particulier. J'ai ouvert la porte une fois, j'ai refermé la porte, j'ai ouvert une nouvelle fois la porte et je me suis dit : « Non, non ce n’est pas pour moi. »

En fait, quand je suis arrivée ici, j’ai retrouvé un lit, un endroit où je suis en sécurité, un endroit où l’on peut mettre ses affaires à l’abri et ça, c’est merveilleux.

Ici, à la Maison Relais, j’ai retrouvé une famille. Une famille comme j’avais avant. Ici, j’ai trouvé des gens avec qui je peux discuter. Ici, j’ai retrouvé la liberté, on est libres. Cette liberté que l’on a plus quand on est dehors.