À Tananarive, la Fondation améliore les conditions de vie et d'habitat de 1 200 familles
10 quartiers de la ville basse de la capitale malgache ont été identifiés pour un projet inédit qui associe opérateurs locaux et internationaux.
200 tâcherons et tâcheronnes ont été formés depuis août 2017, par groupe d’environ 25 bénéficiaires. En juillet, une nouvelle « promotion » a été certifiée, chaque tâcheron ayant suivi une première partie théorique de 8 semaines (à raison de 3 journées et demi par semaine) puis une étape pratique d’un mois sur les chantiers de reconstruction.
C’est dans le cadre du projet « Un logement digne pour tous ! » qui se déroulera jusqu’en 2020, que la Fondation Abbé Pierre et l’Association française de développement (AFD), en partenariat avec l’association malgache ENDA, présente sur le territoire depuis 1996, que ce premier volet de formation des habitants a été mis en place.
« L’objectif est de former les tâcherons pour qu’ils puissent ensuite prendre le relais sur les quartiers dont ils sont issus afin qu’ils puissent en tirer un revenu. Il s’agit de leur donner une clé pour leur avenir, afin qu’ils soient aptes à travailler ensuite de manière autonome. Là où le projet est intéressant, c’est que notre partenariat avec le Centre de Développement d’Andohatapenaka (CDA), association malgache, leur assure également une formation en gestion simplifiée afin de leur donner la possibilité de monter un business plan pour rendre viable leur projet professionnel », précise Yasmine Ouadi, chef de projet ENDA.
Autre point important, l’association ENDA couvre les frais de transport et de nourriture des tâcherons pendant la formation théorique, mais ne donne pas d’indemnisation : « Nous souhaitons que ce soit vraiment l’intérêt de la formation qui suscite la démarche, pas l’indemnisation. Pendant la formation pratique, les tâcherons sont indemnisés à hauteur de ce que perçoit un stagiaire sur des chantiers de ce type. »
Parmi les plus récents certifiés, de nombreuses femmes, jeunes pour la plupart. Cependant, certaines sont âgées de la cinquantaine et ont choisi d’effectuer la formation pour pouvoir intervenir elles-mêmes sur leur logement ou encore pouvoir surveiller les travaux qui y seront faits. « Au fur et à mesure des formations, la population s’est rajeunie. Les femmes plus âgées ont été les premières certifiées et font l’objet d’un suivi par le CDA afin de voir comment elles vont pouvoir en tirer parti. »
Depuis le début du projet, ENDA a également pour objectif de réduire le coût de construction des maisons familiales. Un partenariat avec l’école Condorcet a été mis en place en amont afin de parvenir à un coût global qui ne dépasse pas 800 euros pour une maison de 4 pièces.
Une très forte implication des propriétaires et locataires
Grâce à des opérations de sensibilisation (porte-à-porte, intervention publique…) organisées par ENDA, les familles retenues pour le projet, toutes en situation de précarité, se sont fortement impliquées dès le départ, une enquête sociale prenant en compte leurs besoins ainsi que leur capacité d’épargne, si modeste soit-elle.
« En moyenne, on compte 5 personnes par famille. Mais on peut avoir une fratrie de 4 familles dans une maison de 4 pièces ! En fonction des titres de propriété et des fratries, nous construisons des maisons de 1 à 6 pièces. On privilégie bien sûr les matériaux locaux, comme le bois et les briques de terre cuite qui sont réalisées sur place. »
Les chantiers de construction se déroulent sur 4 à 8 semaines ; sur 3 jours à 3 semaines pour les chantiers de réhabilitation. Dans chaque intervention, il s’agit de répondre au mieux aux besoins de la famille.
« Pour les chantiers de réhabilitation, nous avons également travaillé avec l’association grenobloise CRAterre, afin de proposer des solutions d’habitat innovantes. Il y a beaucoup de terrains marécageux et les maisons sur pilotis réhabilitées sont désormais équipées de pieds en béton. »
En ce début d’été 2018, un an après le lancement du projet sur place, une centaine de maisons ont d’ores et déjà été reconstruites et une trentaine de réhabilitations ont vu le jour.
La Fondation Abbé Pierre, intervient sur le territoire malgache depuis plus de 15 ans. Depuis 2017, elle s’est engagée avec 8 partenaires locaux et internationaux dans ce projet de grande échelle unique en son genre.
Piloté par l’Agence de La Réunion avec le secteur de la solidarité internationale, maître d’ouvrage et l’association ENDA, partenaire opérationnel local principal, les 8 partenaires, sont impliqués pendant les 3 années à venir. Des missions sont organisées toutes les 6 semaines à deux mois pour suivre l’évolution du projet qui a vocation à essaimer au-delà de la capitale et à apporter à terme une réponse favorisant l’accès et le droit à un habitat digne pour les ménages les plus modestes de l’île.
Le présent projet est cofinancé par l'Agence Française de Développement.